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Le nouveau rapport du CNM sur l’Artiste-Entrepreneur : Décryptage complet et enjeux pour l'industrie musicale

Dernière mise à jour : 9 févr.


Couverture d'un document intitulé 'Artistes et entrepreneuriat - Vers de nouvelles formes d'organisation dans la musique'. Elle présente un design minimaliste avec des formes organiques colorées (bleu, rose, jaune, rouge et vert) sur un fond blanc, accompagné de motifs en lignes et en points pour ajouter de la texture. En bas, le logo du CNM Lab est visible, mettant en avant un contenu dédié à l'innovation et à la musique.

Le Centre National de la Musique (CNM) frappe fort avec son dernier rapport consacré à la figure de l’artiste-entrepreneur. Ce concept, qui semblait autrefois réservé à quelques artistes indépendants "DIY" (Do It Yourself), est aujourd’hui au cœur de la stratégie des labels, managers et institutions de la filière musicale. Ce document, fruit d’une année d’enquête, de témoignages d'artistes renommés (Fianso, Zaho de Sagazan, Rebeka Warrior, A'Salfo de Magic System), et d'analyses de chercheurs et chercheuses, propose une lecture nouvelle du métier d'artiste.



POURQUOI TOUT LE MONDE PARLE DE L'ARTISTE-ENTREPRENEUR

Mais pourquoi cette thématique agite-t-elle autant le secteur ? Parce que le modèle traditionnel de l’artiste-passif signé par un label est mort. Désormais, les artistes doivent se muer en entrepreneurs complets, capables de produire leurs titres, gérer leur image, mobiliser leurs fans et négocier avec les plateformes. Autonomie rime avec opportunité... mais aussi avec précarité et surcharge mentale.

Cet article vous propose de décrypter les grandes lignes du rapport du CNM, de comprendre les changements profonds dans la filière et d'analyser les conséquences pour les artistes et les professionnels. Plus qu’une simple tendance, ce modèle d’artiste-entrepreneur devient la nouvelle norme de l’industrie musicale.



LE MODÈLE TRADITIONNEL A VOLÉ EN ÉCLATS : PLACE À L'ARTISTE-ENTREPRENEUR

Autrefois, les maisons de disques faisaient tout : repérer les artistes, produire leurs albums, organiser leurs tournées et assurer leur promotion. Aujourd’hui, ce modèle n’existe plus. Les labels ne cherchent plus des "talents bruts" à polir, mais des artistes prêts à l’emploi, qui ont déjà fait leurs preuves sur les plateformes comme Spotify, YouTube ou TikTok.


Pourquoi ce changement ?La révolution numérique, les plateformes de streaming et l’essor du contenu "fait maison" ont bouleversé la chaîne de valeur. Avec l'essor des réseaux sociaux, les artistes peuvent autoproduire leurs clips, promouvoir leurs titres et attirer une communauté sans passer par un label. Résultat ? Les maisons de disques ne prennent plus de risques. Elles ne signent que les artistes qui ont déjà prouvé qu’ils "savaient faire le job".

Ce phénomène est décrit dans le rapport comme le passage du modèle R&D (Recherche et Développement) au modèle A&D (Acquisition et Développement). Les labels ne "recherchent" plus, ils "acquièrent" des artistes qui ont déjà fait leurs preuves.

Chiffre clé du rapport : La plupart des majors attendent qu’un artiste ait déjà produit ses morceaux et accumulé des millions de streams avant de signer. Le label arrive alors pour "exploiter" le projet et le diffuser à plus grande échelle.

Impact pour les artistes :

  • Fin de l’illusion du label sauveur : vous devrez prouver votre potentiel avant d’espérer un contrat.

  • Nouveaux outils de mesure : il faut surveiller ses streams, abonnés, partages sur les réseaux et autres "indicateurs de performance".

  • Changement d’état d’esprit : il ne s'agit plus de "faire de la musique", mais de gérer un projet artistique global, où la musique est l'un des nombreux produits du catalogue.



LES 5 FIGUES DE L'ARTISTE-ENTREPRENEUR

L'une des grandes forces du rapport est de poser des mots sur des figures d’artistes-entrepreneurs qui, jusqu’à présent, restaient floues. Ces figures ne se ressemblent pas toutes, mais elles ont un point commun : elles doivent toutes faire "plus" qu’avant.


Les 5 figures d’artistes-entrepreneurs :

  • L’artiste autoproduit : Il finance seul ses enregistrements et clips. Il fait tout lui-même, de la production à la distribution.

  • L’artiste-gestionnaire : Il crée sa propre structure (label ou entreprise) pour gérer son activité et contractualiser avec d'autres professionnels.

  • L’artiste-collectif : Il fait partie d’un collectif ou d’une coopérative qui mutualise les moyens de production et de diffusion.

  • L’artiste-entrepreneur·euse : Véritable "PDG" de sa carrière, il gère ses finances, sa stratégie, sa com', tout en créant de la musique.

  • L’artiste-récupérateur·rice de droits : Artistes connus qui rachètent les droits de leurs œuvres (comme Taylor Swift) pour reprendre le contrôle de leur catalogue.

Exemple du rapport : Zaho de Sagazan est l'exemple parfait de l'artiste-entrepreneure. Refusant de se laisser formater par un label, elle choisit de rester aux commandes de sa musique, de ses visuels et de son image.

OPPORTUNITÉ OU PRESSION INSOUTENABLE ? LES 2 FACES DE L'AUTONOMIE

Le rapport met en avant un double discours autour de l’artiste-entrepreneur. D’un côté, l’autonomie artistique semble libératrice. De l’autre, elle s’accompagne d’une surcharge de travail énorme.


Les + de l’artiste-entrepreneur :

  • Contrôle total de l’image et du message.

  • Revenus plus élevés (pas de commissions prélevées par le label).

  • Flexibilité totale (il peut sortir ses titres quand il veut).


Les - de l’artiste-entrepreneur :

  • Isolement et surcharge mentale (doit tout gérer lui-même).

  • Précarité économique (pas d’avance de la part d’un label).

  • Compétences multiples nécessaires (il faut être bon en tout : musique, marketing, finance).

Chiffre clé du rapport : 70 % des musiciens interrogés déclarent que les concerts sont leur principale source de revenus, loin devant le streaming.

L'IA, LES PLATEFORMES ET LE MÉTAVERS : CE QUI VA ENCORE CHANGER

Un des aspects les plus fascinants du rapport est la question de l’intelligence artificielle (IA). Alors qu’elle promet de "booster la création", elle menace aussi les artistes.


Ce que dit le rapport :

  • Les IA (comme ChatGPT ou Aiva) permettent de composer des musiques en quelques clics. Cela augmente la concurrence pour les artistes.

  • Les labels envisagent de créer des artistes 100 % virtuels (comme Hatsune Miku ou FN Meka).

  • Le métavers est vu comme un nouvel eldorado : concerts immersifs, avatars, produits dérivés numériques (NFT).

Exemple du rapport : Certains experts estiment que l’avenir de l’artiste-entrepreneur passera par des avatars numériques, capables de donner des concerts dans plusieurs métavers en simultané.

LES 3 GRANDES LEÇONS DU RAPPORT DU CNM

1️⃣ L’artiste d’aujourd’hui doit porter la "double casquette" d'artiste et d’entrepreneur. Il doit être capable de vendre sa musique, mais aussi son histoire, ses visuels et son image.


2️⃣ Les plateformes (YouTube, Spotify, TikTok) sont les nouveaux décideurs. Les labels ne font plus la loi. Ce sont les algorithmes qui décident de votre visibilité. Mettez toutes les chances de votre côté en soignant votre image sur ces plateformes.


3️⃣ La santé mentale des artistes est en danger. Le rapport souligne que la surcharge de travail et la précarité mentale augmentent, notamment pour les artistes autoproduits.



QUE FAUT-IL RETENIR DE CE RAPPORT ?

L'artiste d'aujourd'hui n'est plus simplement un "créateur". Il est producteur, entrepreneur, chef de projet et influenceur. L’artiste-entrepreneur est la nouvelle norme de l'industrie musicale.


Avec ce rapport, le CNM met un coup de projecteur sur une réalité trop souvent ignorée : l’autonomie, c’est bien, mais à quel prix ?

Vous êtes artiste ? Apprenez à devenir entrepreneur.Vous êtes manager ? Formez vos artistes à ces nouvelles compétences.Vous êtes label ? Adaptez votre stratégie d’acquisition et de développement. La musique n’a jamais été aussi créative, mais elle n’a jamais demandé autant de compétences. 


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