Philartmedia Studio : Faire vibrer le son du cinéma, depuis le Sud
- Anne-Louise GAYMARD
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture

Rencontre avec Victor, cofondateur passionné d’un studio de post-production sonore à Cannes, qui veut prouver que tout est possible dans le Sud de la France.
C’est dans la mythique salle Lodge du Cineum de Cannes, au cœur même d’un lieu dédié à l’image et au son, que nous avons rencontré Victor. Entre fauteuils de velours et acoustique parfaite, l’endroit ne pouvait pas être mieux choisi pour parler cinéma, musique, passion, et post-production. Un moment suspendu pour capturer les mots et les images de cet entrepreneur passionné de musique.
Victor a 26 ans et a cofondé Philartmedia Studio avec Dorian, son complice de toujours. Ensemble, ils mettent leur savoir-faire au service de projets audiovisuels ambitieux, tout en développant un studio installé au cœur de la French Riviera. Dans cet entretien, Victor nous parle de son parcours, de ses projets, et de sa vision très humaine du travail artistique.

Bonjour Victor, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Bien sûr ! Je m'appelle Victor, j’ai 26 ans, et je suis le cofondateur de Philartmedia Studio, une société de post-production sonore. On intervient sur tout type de projets audiovisuels : cinéma, court-métrage, animation, télévision, publicité, jeux vidéo… Bref, tout ce qui mêle image et son.
Mais on travaille aussi sur des projets purement sonores : radio, musique savante… Dorian, mon associé, et moi avons une solide formation en musique classique. Ensemble, on peut couvrir l’ensemble de la chaîne sonore : composition, orchestration, création de maquettes, enregistrement, mixage stéréo, 5.1 ou Dolby Atmos.
Tu as monté Philartmedia Studio à Cannes. Pourquoi ce choix ?
La boîte a été fondée en novembre 2022, pendant mes études à l’université Côte d’Azur (master Music Scoring dirigé par Jean-François Trubert). À l’époque, je composais depuis une pièce aménagée chez moi. Ensuite, on a intégré la pépinière d’entreprises de la Bastide Rouge à Cannes en octobre 2023, grâce au soutien de Brigitte, qui nous a aidés à monter le dossier. (big up à elle !).
Cannes, c’est évidemment un lieu emblématique du cinéma. On savait que monter à Paris aurait pu aller plus vite, mais on avait envie de prouver qu’on pouvait aussi faire de grands projets dans le sud. Et aujourd’hui, on en est convaincus : oui, c’est possible.
Comment s’organise le travail chez Philartmedia ?
On est deux : Dorian, mon associé, et moi-même. Je suis le gérant, donc je m’occupe de l’administratif, des devis, des relations clients. Dorian, lui, dirige la partie artistique.
On se connaît depuis nos études à Annecy. On a vécu ensemble, voyagé ensemble, parlé argent… C’est comme une relation de couple, avec beaucoup de complicité et une vraie complémentarité.
Concrètement, que proposez-vous comme services ?
Sur le plan sonore :
Montage son
Montage ambiance
Sound design
Mixage (stéréo, 5.1, Dolby Atmos)
Sur le plan musical :
Composition
Orchestration
Création de maquettes pour validation
Enregistrement & production musicale complète
On gère aussi la partie logistique : booking des musiciens, réservation de studios… Des étapes qu’on oublie souvent, mais qui sont cruciales pour un rendu professionnel.
Comment se déroule une collaboration avec vous ?
Très simplement. On peut nous contacter via notre site ou nos réseaux. Ensuite, on discute, on établit un cahier des charges clair en fonction des intentions du réalisateur ou du producteur.
Côté musique, on peut intervenir dès l’écriture du scénario, pas besoin d’attendre le montage. Côté son, on procède par étapes : montage, ambiance, sound design, puis mixage une fois tout validé.
On est aussi très ouverts aux petits projets et aux jeunes réalisateurs. On adapte nos méthodes et nos tarifs, sans jugement.
Peux-tu nous parler de projets dont tu es fier ?
Je vais en citer deux. Le premier s’appelle Lotus, un court-métrage réalisé par un ami, Nicolas Dante. On a géré toute la post-production sonore et Dorian a composé la musique. Cette dernière a reçu le prix de la meilleure musique au festival officiel d’Aras, ce qui a marqué notre tout premier prix en tant que studio.
Le second, Le Vent se lève, est un court-métrage coproduit par plusieurs structures dont Tre Colori Films (désormais voisins à la Bastide Rouge). C’était un projet complexe avec plusieurs galères en route, mais grâce à une équipe formidable, on a réussi à le mener à terme.
Comment peut-on visionner ces projets ?
Pour l’instant, ils sont encore en phase de diffusion en festivals, donc on ne peut pas encore les montrer publiquement. Mais il y aura une vie après les festivals, et à ce moment-là, ils seront visibles. En attendant, on peut tout à fait partager les affiches ou les teasers.
Toi qui as commencé par composer, est-ce qu’on peut encore écouter tes créations ?
On peut trouver toutes les musiques de l’équipe, directement sur le SoundCloud de la boîte à part celles qui sont tenues par l’obligation de confidentialité qui ne sont pas encore publiées.
Pour toi, c’est quoi une bonne musique de film ?
Une bonne musique de film, c’est une musique qu’on n’entend pas. Elle se fond dans l’image, elle soutient sans parasiter.
Mais attention, un compositeur ne fait pas toujours ce qu’il veut. Il doit répondre à un cahier des charges, faire valider chaque étape par les réalisateurs et producteurs. Cela dit, le compositeur est souvent soumis à une commande : il doit valider ses choix avec le réalisateur et la production. Même si on est auteur à part entière, on reste aussi prestataire.

Pourquoi avoir choisi la musique, justement ?
C’est venu par hasard. À 8 ans, j’ai vu la sœur d’un copain jouer Joyeux anniversaire au saxophone. Je suis rentré chez moi, j’ai dit : "je veux faire du saxophone". Je suis entré au conservatoire, et j’y suis resté 11 ans.
Le déclic ? Au collège, on a joué la musique de Pirates des Caraïbes en orchestre. J’ai réalisé que quelqu’un avait composé cette musique. C’était clair : je voulais faire ça.
Ensuite, j’ai étudié à Annecy avec Olivier Militon, puis à Nice avec Jean-François Trubert, Sacha Chaban, Julien Vega, Pierre Ruscher… Ils m’ont tous énormément apporté.
Est-ce que vous collaborez avec des artistes ou des labels ?
Pas officiellement, mais on en discute. On travaille même actuellement sur un projet de long métrage avec un label, mais je ne peux pas encore en dire plus.
On a les compétences pour accompagner des artistes actuels, en orchestration, musique électronique, arrangements...
Comment un artiste peut-il vous proposer de mettre sa musique à l’image ?
Très simplement : en nous contactant. On discute, on voit si le projet nous parle, on fixe un cahier des charges. C’est tout.
Des erreurs à éviter ?
Oui : changer d’intention en cours de route et ne pas dire quand ça ne plaît pas, et attendre trop tard. Par exemple, sur Le Vent se lève, je devais composer la musique, mais ce que j’ai fait n’a pas convenu, donc Dorian a repris le projet. Et j’ai accepté sans rancune, parce que le film passe avant tout. Mettre son ego de côté, c’est essentiel.
Quel conseil donnerais-tu à un·e jeune compositeur·rice ?
Crois-y. Ceux qui réussissent ne sont pas plus légitimes que toi. Il faut oser contacter, oser proposer. C’est un milieu fermé, mais les portes peuvent s’ouvrir.
Et surtout : l’échec n’en est pas un. Il fait partie du chemin.
Un dernier mot ?
Merci pour l’interview. Et surtout, n’hésitez pas à venir nous voir, à prendre un café, à nous écrire sur Instagram. On est toujours partants pour discuter.
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